mercredi 25 mars 2015

LA n°3: A la découverte du groupe d'adolescents



(Présentation œuvre) Corniche Kennedy est un roman réaliste contemporain, écrit par Maylis de Kerangal et publié en 2008, qui raconte l’histoire d’un groupe d’adolescents durant un été à Marseille. Cette bande de jeunes s’affirme en opposition avec le reste du monde en passant l’été à plonger dans l’océan, du haut de la corniche Kennedy. Derrière ses jumelles, un commissaire, Sylvestre Opéra, chargé de la surveillance de cette zone du littoral, les observe. (Situation de l’extrait) L’extrait étudié est une partie de l’incipit dont les fonctions sont d’informer et d’intriguer. Pour cela, après nous avoir présenté la corniche (La Plate), le narrateur nous présente maintenant les personnages à travers une description tout à fait originale, voire une étude.  (Caractérisation de l’extrait) En effet, celle-là est dynamique et se caractérise par un jeu sur le langage et le discours visant le réel.
(Problématique) Nous allons montrer en quoi ce texte est réaliste.
(Plan) Pour cela, nous verrons que le narrateur ancre son récit dans le réel grâce à une situation  d’énonciation particulière. Ensuite, nous étudierons  ce texte comme un reportage, un documentaire ethnologique. Enfin, nous découvrirons la description réaliste du groupe d’adolescents, « princes du sensibles ».

I. è La situation d’énonciation ancre le récit dans le réel. Le récit pris en charge par le narrateur est normalement coupé de tout situation d’énonciation (=énonciateur qui parle : je, ici et maintenant).
-          Mais ce n’est pas le cas ici. Nous avons l’impression de nous retrouver face à un discours prononcé = effet d’immédiateté. 
o   => l3-4 « là », « c’est un tournoi » => déictiques ou embrayeurs = ces mots paraissent faire  référence à un présent actuel et immédiat.
o   => le temps de narration est le présent « il s’agit », « ils y ont »
-          Oralité de la langue utilisée par le narrateur : le lecteur a l’impression qu’on lui parle à l’oral => l3 « c’est ce qu’ils viennent faire », l46 « X auraient bien besoin » (omission du sujet) ,  « frimer, tchatcher » (langage familier).
-          Le narrateur introduit entre tirets le discours des adolescents => l29 « penalty de folie », « service canon », « ride de malade » => expressions orales des jeunes qui nous font vivre
-          Le narrateur introduit aussi entre tirets le discours des adultes que cela les jeunes ne font pas rire => vision péjorative, langage vulgaire l40  (« foutent rien ces gosses », « fument des joints », « merdeux », « branleurs »…)
C//Oralité, effet de réel, de discours immédiat  qui dynamise le texte, lui donne de la vivacité=> le lecteur vit le récit => effet de réel.
-           
II. è La description ressemble à un reportage, à un documentaire ethnologique* (= étude des caractères et du fonctionnement d’un groupe social)
-          Tel un reportage, nous avons accès à différents points de vue grâce au jeu sur les discours (comme dans un reportage avec les interviews, sujets filmés, interventions de spécialistes) :
o   Opinion commune entre tirets = vocabulaire péjoratif, clichés, généralisations (« foutent rien ces gosses », « fument des joints »…)
o   Discours des adolescents  « ride de malade » => le langage montre un propos retranscrit exactement.
o   Description positive du narrateur : l49 « les princes du sensible », « ils sont beaux à voir »
o   Description neutre du début : l5 « les filles », « les garçons », « partition sexuelle »
-          La description devient une véritable étude => 1er paragraphe => vocabulaire précis et technique, le narrateur observe « le prologue » avec « la partition sexuelle », puis « la formation arachnéenne » et enfin  leurs « attitudes ».
-          Etude d’un groupe singulatif : les adolescents forment un groupe s’apparentant à une seule et unique personne : ‘ils y ont ensemble » (adverbe), « en formation arachnéenne » (au singulier : une formation)
-          Etude des rituels et fonctionnement : l37 « toutes signent de leur communauté » => c’est donc un contrat l7 « rituel », l3 « la Plate » (un nouveau langage)
-          Un groupe qui se définit par ses actions et le lieu qu’il habite : description actes, gestes, la manière dont ils gèrent l’espace => début « Puisque frimer précisément, tchatcher, sauter, plonger, parader, c’est ce qu’ils font quand ils sont là » => énumération de verbes d’action qui les caractérise le groupe quand il est dans le lieu « là ».
III. è La description réaliste du groupe d’adolescents, « princes du sensibles ».
-          La Plate est un « terrain de jeu et de lutte » => vocabulaire du combat et du sport dans 1er paragraphe « stratégies », « recul », « foncer », « frontaux », « échauffer »
-          La Plate est une « scène » (l.4)  théâtrale. Le narrateur affirme que « le théâtre ne peut se séparer de la vie » l 18. En effet, les jeunent jouent un rôle, cela est nécessaire pour appartenir au groupe et y rester => 1er paragr. « faux baiseurs », « fausses salopes » => adjectifs montrent qu’ils font semblant
-          Formation et passivité sont les règles de vie de ces ados=> ils sont « vautrés », « nénuphars », « glandeurs », « branleurs »,  « spectateur du plus petit nuage », en « formation » => écho à un âge de transition
-          Mais la description poétique montrent des jeunes qui sont « beaux à voir », des « princes du sensibles » l49
o   Un tableau poétique de la disponibilité des jeunes sur la Plate : métaphores  qui donnent à voir les jeunes autrement l20-21 « nénuphars très ouverts », « en formation arachnéenne »
o   Ils sont « Les princes du sensible (périphrase) », le narrateur donne à voir la disponibilité des jeunes autrement avec l26 comparaisons  « fondus dans l’air du temps et contemporains du plus petit nuage » => donnent une image positive de leur rapport au temps + métaphore l 27 ce sont des « capteurs sensibles ». Ils voient, regardent, entendent et sentent les choses. Ils sont touchés par le monde. C’est un force que le narrateur fait remarquer l40 « leur jeunesse et leur force ».
CONCLUSION è Extrait dynamique et vivace qui donne envie de lire et nous informe grâce à une écriture/reportage. Cet extrait ouvre des pistes de lecture : le roman propose un regard réaliste dont l’intérêt est bien de s’intéresser et de représenter la jeunesse de notre monde. Mais MDK le fera de manière originale en refusant la psychologie ou le point de vue interne, le but étant est nous donner à voir, à entendre, à sentir les choses grâce à un jeu sur le langage et le discours. Le réalisme retrouve sa place au XXIe siècle, après son apogée au XIXe. On se souvient de Stendhal dans Le Rouge et le Noir, qui nous présentait lui aussi la jeunesse mais à travers un personnage : Julien Sorel. On remarque qu’après tant d’année, l’homme et le monde nous intéressent toujours autant.

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