(Présentation
œuvre) Corniche Kennedy est un roman réaliste contemporain,
écrit par Maylis de Kerangal et publié en 2008, qui raconte l’histoire d’un
groupe d’adolescents durant un été à Marseille. Cette bande de jeunes s’affirme
en opposition avec le reste du monde en passant l’été à plonger dans l’océan,
du haut de la corniche Kennedy. Derrière ses jumelles, un commissaire,
Sylvestre Opéra, chargé de la surveillance de cette zone du littoral, les
observe. (Situation de l’extrait)
L’extrait étudié est une partie de l’incipit dont les fonctions sont d’informer
et d’intriguer. Pour cela, après nous avoir présenté la corniche (La Plate), le
narrateur nous présente maintenant les personnages à travers une description
tout à fait originale, voire une étude. (Caractérisation
de l’extrait) En effet, celle-là est
dynamique et se caractérise par un jeu sur le langage et le discours visant le
réel.
(Problématique) Nous allons montrer en quoi ce texte est réaliste.
(Plan) Pour cela, nous verrons
que le narrateur ancre son récit dans
le réel grâce à une situation
d’énonciation particulière. Ensuite, nous étudierons ce texte comme un reportage, un documentaire ethnologique. Enfin, nous
découvrirons la description réaliste
du groupe d’adolescents, « princes du sensibles ».
I. è
La situation d’énonciation ancre le
récit dans le réel. Le récit pris en charge par le narrateur est
normalement coupé de tout situation d’énonciation (=énonciateur qui
parle : je, ici et maintenant).
-
Mais ce n’est pas le cas ici. Nous avons l’impression de nous retrouver face à un
discours prononcé = effet d’immédiateté.
o
=> l3-4
« là », « c’est un tournoi » => déictiques ou embrayeurs = ces mots paraissent
faire référence à un présent actuel et
immédiat.
o
=> le temps de narration est le présent « il s’agit »,
« ils y ont »
-
Oralité
de la langue utilisée par le narrateur : le lecteur a l’impression qu’on lui parle à
l’oral => l3 « c’est
ce qu’ils viennent faire », l46 « X
auraient bien besoin » (omission
du sujet) , « frimer,
tchatcher » (langage familier).
-
Le narrateur introduit entre tirets le discours des adolescents
=> l29 « penalty de folie », « service canon », « ride
de malade » => expressions orales
des jeunes qui nous font vivre
-
Le narrateur introduit aussi entre tirets le discours des adultes que cela
les jeunes ne font pas rire => vision péjorative, langage vulgaire l40 (« foutent rien ces gosses »,
« fument des joints », « merdeux »,
« branleurs »…)
C//Oralité, effet de réel, de discours immédiat qui dynamise le texte, lui donne de la
vivacité=> le lecteur vit le récit => effet de réel.
-
II. è La description ressemble à un reportage, à un documentaire
ethnologique* (= étude des caractères et du fonctionnement d’un groupe
social)
-
Tel un reportage, nous avons accès à différents points de vue grâce au jeu
sur les discours (comme dans un reportage avec les interviews, sujets
filmés, interventions de spécialistes) :
o
Opinion
commune entre tirets = vocabulaire péjoratif, clichés, généralisations
(« foutent rien ces gosses », « fument des joints »…)
o
Discours
des adolescents « ride de
malade » => le langage montre un propos retranscrit exactement.
o
Description
positive du narrateur : l49
« les princes du sensible », « ils sont beaux à
voir »
o
Description
neutre du début : l5 « les
filles », « les garçons », « partition sexuelle »
-
La description devient une véritable étude => 1er paragraphe => vocabulaire précis et
technique, le narrateur observe « le prologue » avec « la
partition sexuelle », puis « la formation arachnéenne » et
enfin leurs « attitudes ».
-
Etude
d’un groupe singulatif : les adolescents forment un groupe
s’apparentant à une seule et
unique personne : ‘ils y ont ensemble » (adverbe), « en
formation arachnéenne » (au singulier : une formation)
-
Etude
des rituels et fonctionnement : l37 « toutes signent de leur communauté » =>
c’est donc un contrat l7 « rituel »,
l3 « la Plate » (un
nouveau langage)
-
Un groupe qui se définit par ses actions et le lieu qu’il habite :
description actes, gestes, la manière dont ils gèrent l’espace => début « Puisque frimer
précisément, tchatcher, sauter, plonger, parader, c’est ce qu’ils font quand
ils sont là » => énumération de verbes d’action qui les
caractérise le groupe quand il est dans le lieu « là ».
III. è
La description réaliste du groupe d’adolescents, « princes du
sensibles ».
-
La
Plate est un « terrain de jeu et de lutte » => vocabulaire
du combat et du sport dans 1er
paragraphe « stratégies », « recul »,
« foncer », « frontaux », « échauffer »
-
La
Plate est une « scène » (l.4) théâtrale. Le narrateur affirme que
« le théâtre ne peut se séparer de la vie » l 18. En effet, les
jeunent jouent un rôle, cela est nécessaire pour appartenir au groupe et y
rester => 1er paragr.
« faux baiseurs », « fausses salopes » => adjectifs
montrent qu’ils font semblant
-
Formation
et passivité sont les règles de vie de ces ados=> ils sont
« vautrés », « nénuphars », « glandeurs »,
« branleurs »,
« spectateur du plus petit nuage », en « formation »
=> écho à un âge de transition
-
Mais la
description poétique montrent des jeunes qui sont « beaux à voir », des « princes du sensibles »
l49
o
Un tableau poétique de la disponibilité des
jeunes sur la Plate : métaphores qui donnent à voir les jeunes autrement l20-21
« nénuphars très ouverts », « en formation arachnéenne »
o
Ils sont
« Les princes du sensible (périphrase) », le narrateur donne à
voir la disponibilité des jeunes autrement avec l26 comparaisons « fondus dans l’air du temps et
contemporains du plus petit nuage » => donnent une image positive de
leur rapport au temps + métaphore l
27 ce sont des « capteurs sensibles ». Ils voient, regardent, entendent et sentent les choses. Ils sont
touchés par le monde. C’est un force que le narrateur fait remarquer l40
« leur jeunesse et leur force ».
CONCLUSION è Extrait dynamique
et vivace qui donne envie de lire et nous informe grâce à une
écriture/reportage. Cet extrait ouvre des pistes de lecture : le roman
propose un regard réaliste dont l’intérêt est bien de s’intéresser et de
représenter la jeunesse de notre monde. Mais MDK le fera de manière originale
en refusant la psychologie ou le point de vue interne, le but étant est nous
donner à voir, à entendre, à sentir les choses grâce à un jeu sur le langage et
le discours. Le réalisme retrouve sa place au XXIe siècle, après son apogée au
XIXe. On se souvient de Stendhal dans Le
Rouge et le Noir, qui nous présentait lui aussi la jeunesse mais à travers
un personnage : Julien Sorel. On remarque qu’après tant d’année, l’homme
et le monde nous intéressent toujours autant.
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