dimanche 7 juin 2015

LA n°8: Le Jeu de l'amour et du hasard, Marivaux



I. Une scène d'amour

a. Echange de répliques équilibré qui marque la réciprocité de l’amour.

b. On peut parler de scène d’amour puisque l’échange est structuré, composé de plusieurs étapes:
- déclaration d’A : « je vous aime moi »
- réponse/l’aveu de L : « je vous aime »
-serment : A « jurons-ns de ns aimer tjrs » - L « je le fais de tout mon coeur »

c. Un amour prononcé sans difficulté : A « je vous aime, faites l’écho, répétez » => L « Eh bien, Monsieur, Je vous aime » => répétition du GV « je vous aime » : déclaration rapide et facile.

d. L’amour est dans ce texte associé à la joie, le ton est léger voire infantile
A « répétez, faites l’écho » => L « je vous aime »= jeu d’enfants
Joie des personnages « Puissent être », à genoux, « m’éblouir », « sentiments durables », « beaux sentiments », admirable »
Ton jovial : les personnages ont l’air heureux
« qualités », « mon bonheur me confond », «  mon coeur vous aurait choisi... », « Princesse » (l’extase), «  je me meurs » (d’amour),



II. Une scène comique qui invite à la réflexion

a.Les valets jouent aux maîtres, cela suscite le rire en les rendant ridicules, de plusieurs manières :

o       Mise en abîme : du théâtre dans le théâtre
o       Le quiproquo installe le comique
o       Par la caricature du noble amoureux, la parodie de textes : « je crie au feu » (jeu de mots « déclarer sa flamme), « à genoux » - « votre bonté m’éblouit, je me prosterne devant elle », « puissent de si beaux sentiments être durables » (imitation d’un langage précieux, des clichés courtois).
o       Par la mise en scène d’un échange quelque peu infantile et léger : « Dites-moi un petit brin que vous m’aimez ; tenez je vous aime moi, faites l’écho, répétez » => « je vous aime » (l’aveu est arraché par A à L, comique de répétition « je vous aime »), A « à propos de mon amour, quand est-ce que le vôtre lui tiendra compagnie ? » (= humour)
o       Par le décalage, car malgré les efforts fournis, Arlequin ne parvient pas à parfaitement endosser son rôle, les erreurs de langage suscitent le rire : « je crie au feu » (pour dire je déclare ma flamme, je brûle), « je me meurs », « j’ai peur d’en courir les champs » (expression classique battre la campagne= devenir fou), « jurons-nous de nous aimer toujours en dépit des fautes d’orthographes », « Hélas quand vous ne seriez que Perette ou Margot, quand je vous aurais vu le martinet à la main descendre à la cave, vous auriez toujours été ma Princesse » (maladresse d’A qui utilise une image vulgaire voire dévalorisante pour montrer son amour)


b. Mais le comique invite à une réflexion plus sérieuse :

o      Les personnages tentent de faire des allusions au déguisement pour dire la vérité et dépasser la contrainte de la condition sociale, le spectateur reconnaît un certain nombre d’indices : L « on n’est pas les maîtres de son sort », A « ce n’est donc pas la retenue d’à présent », L « s’il m’était permis de m’expliquer si vite », A « Il [son coeur} a beau jeu de me choisir encore ».
o      Les valets imitent le langage des maîtres mais les ridiculisent par la caricature du coup.
o      Ils dépassent finalement la contrainte sociale grâce au serment : l’amour plus fort « jurons-nous de nous aimer toujours en dépit des fautes d’orthographe » = en dépit du déguisement et des fautes sociales.

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